Dans son mémoire d’habilitation intitulé « Temps et travail : tensions majeures », Jean-Philippe Melchior analyse les tensions dont sont l’objet le temps de travail, le temps du travail, le temps au travail, celles existant entre temps de travail et temps hors-travail et enfin celles inscrites dans les rapports entre temps et parcours professionnel.
Dans le « temps dominant » actuel, caractérisé par le recul du taylorisme, l’accentuation de l’accélération, l’augmentation de la flexibilité, une porosité plus grande entre temps de travail et temps hors travail, les individus continuent de travailler beaucoup et d’être soumis à des contraintes temporelles nombreuses. Pour celles et ceux qui en ont encore un, le travail se fait de plus en plus dans l’urgence, il est marqué par l’intensification et le changement fréquent de ses modes d’organisation qui place les salariés dans l’incertitude, la flexibilité des horaires est souvent subie.
Cependant, ces tendances globales ne doivent pas nous conduire à négliger les rapports au temps socialement différenciés dans la mesure où les individus et les différentes catégories sociales ne subissent pas avec la même intensité les contraintes temporelles ou ne bénéficient pas toutes des mêmes ressources temporelles comme la gestion autonome de son temps de travail, sa prévisibilité, ou la conciliation aisée des temps sociaux.