Les quartiers fermés et sécurisés se multiplient dans les villes françaises, mais pas seulement, car le phénomène est planétaire. Ces logiques de fermeture, de filtrage et de contrôle des accès sont devenues très présentes dans l’habitat. Elles sont désormais pleinement intégrées par les promoteurs qui conçoivent les nouveaux espaces résidentiels, tandis que les complexes d’habitat plus anciens ont aussi tendance à se fermer.
L’ouvrage interroge cette réalité en France. Quelle est l’ampleur prise par le développement des quartiers et des ensembles résidentiels fermés et sécurisés ?
Grâce à une étude de 200 programmes situés dans 11 sites en France métropolitaine et outre-mer et à des dizaines d’entretiens auprès des acteurs qui fabriquent la ville (promoteurs, élus, techniciens en charge de l’urbanisme ou de l’habitat) et de résidents, les auteurs, universitaires spécialistes de la question, nous permettent de mieux envisager le paysage de ces résidences fermés : où se situent-elles ? Qu’est-ce qui a présidé à leur construction ? Qui en sont les habitants ? Quelles sont leurs motivations ?
Les auteurs nous permettent entre autres d’observer le paysage contrasté de ces résidences sécurisées : parfois ghettos de riches, elles peuvent également être des substituts aux HLM, ou des résidences de services pour personnes âgées...
Leurs habitants, loin d’être focalisés sur l’aspect sécuritaire (qu’ils rejettent parfois), tiennent un discours mitigé sur la vie dans ces résidences : ils apprécient l’environnement privilégié (le calme, la verdure, mais aussi l’entre soi et l’homogénéité de la population) que leur offrent ce type de quartier, mais reconnaissent porter souvent un regard négatif et distant sur leur voisin...
C’est sur cette nouvelle manière d’habiter que le livre enquête : au-delà d’une quête chimérique de sécurité, on voit se profiler une recherche de maîtrise de l’environnement résidentiel, qui renvoie à une volonté de contrôler son « chez-soi » et d’assurer sa tranquillité.